Le Body Horror
Fortement influencée par la littérature d’H. P. Lovecraft, mais aussi par Ridley Scott et son film Alien, la biographie Junji Ito parvient à mettre en scène une horreur corporelle esthétique qui provoque un sentiment de terreur abjecte. Si le dessin dépouille les faces humaines où seuls les yeux et la bouche se démarquent pour exprimer les émotions ressenties, les transgressions, elles, fourmillent de détails. Le contraste est percutant et c‘est ce parti-pris esthétique qui rend son travail si terrifiant.
Dans Spirale, il nous transporte dans une ville maudite où les habitants sont hantés par des forces surnaturelles impliquant cette forme géométrique. Le symbolisme omniprésent mélangé au dessin horrifique donnent naissance à des planches toutes plus marquantes les unes que les autres.
Lors de son écriture, l’artiste était lui-même captivé par ces spirales qu’il dessinait en continue et qu’il est possible de voir partout dans son quotidien. La réapparition bénigne et naturelle de cette forme devient alors un objet de fascination pour les personnages d’Uzumaki mais aussi pour le lecteur.
Dans son cortège monstrueux, les non-humanoïdes sont moins courants mais tout aussi effrayants. Dans Gyo, des créatures marines émergent des profondeurs de l’océan pour envahir la terre, grâce à d’étranges pattes mécaniques. La vision macabre laisse un impact fort au lecteur.
Entre contorsions, mutilations, décomposition, les corps sont mis à rude épreuve. Et si les planches sont inconfortables, c’est sûrement parce qu’elles ne ressemblent à rien d’autre et nous captivent.
