Invitée au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse, Suol venait rencontrer les lecteurs du webtoon Seule la mort attend la vilaine et pour l’occasion nous avons pu réaliser une interview en sa compagnie.
Passionnée par le dessin depuis l’enfance, l’artiste a débuté son webtoon en 2020 et a rapidement trouvé son public grâce son coup de crayon enchanteur et un univers magnifique. Plongeant son lecteur dans un otome game, Seule la mort attend la vilaine suit une jeune femme qui se réveille dans un jeu vidéo auquel elle jouait avec passion. A son grand désespoir, elle est réincarnée en Pénélope, la méchante condamnée à périr.
Bonjour Suol, pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer comment vous êtes devenue dessinatrice de webtoon ?
J’ai toujours aimé dessiner, dès ma petite enfance. C’était une passsion depuis l’enfance, donc exercer un métier artistique en rapport avec cet univers a toujours été une évidence. Je suis diplômée d’une filière en design numérique. Mais mes goûts et mon style se sont affirmés bien avant mes études universitaires.
Avant d’être un webtoon, Seule la mort attend la vilaine est d’abord un roman. Pour quelles raisons avez-vous commencé à travailler sur cette adaptation ?
Au commencement, c’est la rédaction de D&C Media qui m’a proposé d’adapter ce titre. Quand on a commencé à en parler, le roman était à ses débuts de prépublication. Je n’avais lu que le premier chapitre, mais le coup de cœur était là. Le récit était captivant et les personnages très charismatiques. J’ai été séduite au premier regard et parallèlement à ma passion du dessin, je joue beaucoup aux jeux vidéo. Le sujet s’y prêtait parfaitement, notamment pour l’exercice de visualisation.
Pendez-vous à certains jeux en particulier ?
En matière de jeux vidéo, je suis omnivore. Mais récemment, il y a deux jeux qui m’ont vraiment plu : Persona Series et Elden Ring.
Concrètement, comment avez-vous débuté l’adaptation ? Vous autorisez-vous des libertés par rapport à l’œuvre d’origine ?
Cette question dépend vraiment de l’œuvre d’origine. Pour Seule la mort attend la vilaine, l’histoire se prêtait très bien à l’adaptation en webtoon, notamment grâce à la vitesse du récit qui avance sans temps mort et la structure narrative qui est très dynamique. Je n’ai donc pas eu besoin de m’éloigner du texte. En revanche, il fallait faire un travail de reconversion en langage de BD. Ça concerne notamment les dialogues, le langage parlé devait être fluide et plus naturel. Ensuite, les éléments de décors devaient être rendus vivants.
Y a-t-il un passage que vous avez particulièrement apprécié adapter ?
En tant qu’autrice, je me concentre beaucoup sur la manière d’exprimer les émotions, les explosions psychologiques et les tensions. C’est par les visages qu’on ressent ses sentiments. Il y a une scène qui me vient à l’esprit, c’est celle où Pénélope et Reynold se retrouvent dans le grenier. Il y a un grand feu d’artifices en arrière-plan et j’ai pris beaucoup de plaisir de travailler cette scène, avec les couleurs.
Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que votre webtoon allait sortir en format papier chez Kotoon ?
Alors évidemment, j’ai été ravie quand j’ai reçu la proposition. J’ai vu cela comme une passerelle entre moi, en tant que webtooniste, et mes futurs lecteurs français. J’étais aussi très curieuse de voir mes personnages parler la langue de Molière. C’est quelque chose qui m’intriguait beaucoup.
Pénélope se montre parfois très dure avec son entourage et ses réactions font parfois chuter ses points d’affinité. En tant que lecteur, on s’inquiète forcément des réactions des protagonistes masculins. Y a-t-il des moments où vous êtes en désaccord avec votre héroïne ?
D’un point de vue très personnel, je trouve que Pénélope est charmante car imparfaite. En réalité, elle n’est ni un ange ni un démon. Elle n’est pas totalement vilaine, ni totalement innocente. Ce qui fait le charme de ce personnage, c’est son côté caméléon. Ses différentes facettes la rendent presque universelle car chacun peut se reconnaitre en elle. Pour ma part, je ressens plutôt de l’indulgence envers elle.
A votre place, sur quel personnage masculin auriez-vous tout misé au début de l’histoire ?
C’est une question très difficile. Je veux bien répondre, si le seul objectif est la survie et nous l’amour. [Rires] En ce qui concerne la survie, j’ai envie de choisir Winter car c’est le moins dangereux. Mais il y a une sorte de loi dans les histoires de réincarnation, qui fait que plus on essaie d’agir de façon logique, plus on court vers la catastrophe. Autant sortir des sentiers battus et miser sur un outsider.
Les tenues de Penelope sont toujours très élaborées, que ce soit les vêtements, les bijoux, même les ongles. Comment faites-vous pour travailler ces différentes tenues ? Faites-vous des recherches ?
La grande liberté de Seule la mort attend la vilaine est que l’histoire se déroule dans un monde virtuel. Je n’ai donc pas de restrictions concernant les lieux ou la chronologie. C’est extrêmement libérateur. Je me nourris de tout ce que je vois, de tout ce que j’entends pour me mettre au service des personnages. Ils ont tous une très forte personnalité et je souhaite mettre en relief ces aspects uniques grâce au dessin.
Remerciements à Suol et l’équipe de Kotoon pour cette interview