Okitsura, diminutif de Okinawa de Suki ni Natta Ko ga Hōgen Sugite Tsurasugiru, est une comédie romantique lycéenne qui séduit dès ses premiers épisodes par sa douceur, son humour discret et son ancrage culturel. En plaçant son intrigue au cœur d’Okinawa, l’anime propose une expérience rafraîchissante, bien loin des romances scolaires habituelles, et met en lumière une facette rarement explorée de l’archipel japonais.
Après avoir déménagé à Okinawa, Teruaki Nakamura est transféré dans un lycée local. Il ne tarde pas à tomber sous le charme de l’une de ses camarades de classe, Hina Kyan, dont il ne comprend pourtant pas un mot… car elle s’exprime en uchinaaguchi, le dialecte local. Heureusement, Kana Higa, une autre élève, lui sert d’interprète improvisée et l’aide à naviguer ce quotidien nouveau.


Avec sa prémisse simple – une romance lycéenne dans un cadre dépaysant – Okitsura pourrait sembler banale au premier abord. Pourtant, dès ses débuts, la série se révèle étonnamment attachante. Bien qu’elle repose sur un triangle amoureux classique, elle tire sa force de son cadre géographique et culturel : Okinawa, souvent reléguée à un simple décor tropical dans d’autres animés, devient ici un personnage à part entière.
Sans se contenter d’un simple vernis exotique, la série prend le temps de mettre en valeur l’identité propre de l’île, en en révélant les aspects les plus quotidiens à travers le regard d’un Tokyoïte dérouté mais curieux.
À mesure que Teruaki apprend à connaître Hina, il découvre aussi Okinawa. Son affection pour l’île grandit naturellement, au fil des moments partagés. Même sans parler la même langue, les liens se tissent peu à peu. Cette relation naissante devient alors une métaphore subtile : tomber amoureux d’une personne, c’est aussi s’ouvrir à sa culture. Malgré les différences, une forme de compréhension mutuelle peut émerger.
Hina, attachée à ses racines, continue de parler en uchinaaguchi, bien qu’elle comprenne le japonais standard de Teruaki. Certaines de ses répliques ne sont d’ailleurs pas sous-titrées, nous laissant, comme lui, face à l’incompréhension. Un choix narratif qui renforce l’immersion et l’empathie.
Pourtant, même sans parler la langue, le spectateur comprend l’essentiel. Les malentendus culturels suffisent à faire passer le message — comme lorsque Teruaki croit qu’Hina aime les hommes mûrs (ojisan), alors qu’elle parle simplement d’un poisson…



Dans un esprit presque documentaire, les douze épisodes regorgent de détails culturels authentiques, parfois exagérés avec humour, mais toujours traités avec bienveillance. On y retrouve les statues shisa censées éloigner les mauvais esprits, les danses kachaashii, les katabui (ces pluies ultra-localisées), ou encore les différences d’interprétation entre le japonais standard et le dialecte local.
Certaines situations sont poussées à l’extrême avec un ton léger : comme lorsque toute la classe offre des sata andagi (beignets sucrés) à Teruaki, ou quand il s’enthousiasme pour une sortie à la plage… avant de découvrir que les habitants préfèrent rester sur le sable plutôt que de se baigner. Ce décalage rappelle d’ailleurs une scène de The Aquatope on White Sand, où l’héroïne est la seule à avoir pris son maillot de bain. Les raisons évoquées sont simples : la mer peut être peu accueillante, pleine de méduses ou de coraux.
Dans une autre scène marquante, Teruaki se retrouve coincé sous une averse avec Hina. Il espérait partager un parapluie avec elle, mais découvre que les Okinawais, habitués aux pluies soudaines, n’en portent même pas. Une anecdote parmi d’autres, qui souligne avec légèreté le fossé culturel entre lui et les locaux…


La romance, quant à elle, se construit avec une étonnante douceur. Loin des exagérations dramatiques fréquentes dans les romances lycéennes, Okitsura préfère un ton calme et sincère. Teruaki agit en accord avec ses émotions, Kana fait de son mieux malgré un amour à sens unique, et Hina reste elle-même, joyeuse et posée. Le triangle amoureux n’engendre ni rivalité caricaturale ni tensions artificielles : les sentiments sont traités avec délicatesse et réalisme. Ce trio devient vite attachant.
En filigrane, la série nous rappelle combien s’ouvrir à une culture peut ressembler à une histoire d’amour. Attiré d’abord par la surface – Hina, la mer, l’exotisme – Teruaki finit par percevoir les nuances, les traditions, les mots, les gestes. Et peu à peu, l’écart s’estompe. Même sans parler la même langue, les cœurs peuvent se comprendre.
Sans révolutionner le genre, Okitsura trouve son propre ton : un équilibre subtil entre comédie, émotion et découverte culturelle. Ce n’est pas un documentaire, mais un pont délicat entre deux mondes. Une romance simple et sincère, pleine de charme, de tendresse et de soleil – à l’image d’Okinawa, qu’elle célèbre avec justesse.
L’anime Okitsura : Fell in Love with an Okinawan Girl, but I Just Wish I Know What She’s Saying est disponible sur Crunchyroll !