Quand la vie vous accable et que le temps qu’il vous reste à vivre est compté, pourquoi ne pas essayer quelque chose de nouveau… comme la pêche ? Negative Positive Angler est un anime qui risque de passer inaperçu au milieu des titres phares de l’automne 2024. Pourtant, cette œuvre mêlant drame humain, sport récréatif et introspection philosophique mérite qu’on s’y attarde. L’histoire suit un jeune homme qui semble incarner l’accumulation des échecs.
Étudiant médiocre, Tsunehiro Sasaki intègre une université de troisième ordre, un fardeau financier pour sa famille. Misant tout sur le monde de l’investissement pour s’en sortir, il y voit une passion et une échappatoire. Mais ses espoirs s’effondrent rapidement : après des débuts prometteurs, il perd tout lors de l’éclatement d’une bulle financière. Endetté jusqu’au cou, il s’enfonce dans un cercle vicieux, empruntant à des usuriers et sombrant dans le jeu. Puis, comme pour sceller son destin, un diagnostic de maladie grave tombe, l’anéantissant. Brisé par ses échecs successifs, il tente de mettre fin à ses jours. Pourtant, son saut du pont marque un improbable renouveau.
Secouru par un groupe de pêcheurs passionnés, le malheureux se retrouve malgré lui plongé dans un univers inconnu, qu’il perçoit d’abord comme une punition supplémentaire. Pourtant, à mesure qu’il s’initie à la pêche, il découvre un parallèle inattendu entre ce passe-temps exigeant et ses propres luttes : la patience, la résilience et l’humilité deviennent des outils pour se reconstruire…
Le héros ordinaire fait alors battre le cœur de l’intrigue. Au fil des épisodes, sa banalité apparente devient une véritable force narrative : son parcours, ni idéalisé ni simplifié, reflète avec authenticité les hauts et les bas de la lutte contre la dépression. Il rechute, fait des choix contestables et avance lentement vers la rédemption. Son histoire touchante et crédible, rappelle que se relever est une bataille acharnée, même avec du soutien.
Car depuis son accident, le jeune homme n’est plus seul. Autour de lui gravite désormais une communauté qui illumine progressivement son quotidien. Le directeur Machida et ses employés, comme Kozue Nishimori et le mystérieux vétéran Fujishiro, contribuent à cette dynamique chaleureuse. Hana, bien que résumée à son amour pour la pêche, apporte légèreté bienvenue. La jeune fille fait rire, notamment lorsque son envie attraper la plus grosse prise tourne à l’obsession. Enfin, Takaaki, se révèle bien plus complexe qu’il n’y paraissait. Dans la dernière ligne droite, son histoire s’étoffe et permet de pleinement l’apprécier.
Sur le plan technique, l’anime est une réussite modeste mais sincère. Le studio NUT utilise un CGI discret mais efficace, particulièrement lors des scènes mettant en avant les poissons. Ces moments, qu’il s’agisse de leur nage ou de leur lutte contre les lignes, insufflent un réalisme captivant. La bande-son, composée par Tomoki Kikuya, soutient à merveille les moments clés, oscillant entre tension et sérénité.
Plus qu’un simple drame humain, Negative Positive Angler explore la capacité à guérir les blessures invisibles, tout en rappelant que le changement repose avant tout sur l’effort personnel. Si ses mentors tendent une main à Tsunehiro, c’est à lui de saisir cette opportunité. La pêche devient alors une métaphore puissante de la vie : une activité exigeante, pleine d’incertitudes, mais porteuse de promesses pour ceux qui persévèrent.
Avec son rythme contemplatif et ses thèmes graves, la série ne plaira pas à tous. Mais pour ceux qui s’y plongent, elle propose une expérience singulière et émouvante, révélant une richesse insoupçonnée sous une surface paisible.