Alors que le manga Ragna Crimson est annoncé en anime, nous vous proposons un retour sur l’interview de son mangaka Daiki Kobayashi, réalisée par la Pop Asia Matsuri de Kana.
Qu’est ce qui vous a donné envie de devenir mangaka ?
J’ai essayé de me souvenir de la raison, mais je ne m’en rappelle pas. Depuis que je suis petit, je dessine et je crée des histoires. C’est naturel. J’ai l’impression de l’avoir dit quand je m’en suis rendu compte. Je ne connais pas la raison.
Quelles sont les œuvres qui vous ont marquées ?
Je regardais plutôt des animes comme Dragon Ball. J’adorais voir les personnages se battre et je les faisais s’affronter dans ma tête. J’adore ça et ça a peut-être un lien avec le fait que je dessine des mangas de bagarre.
Quel a été votre parcours pour devenir mangaka ?
Comme je l’ai dit tout à l’heure, je voulais devenir mangaka depuis mon enfance.
J’ai commencé à être sérieux vers la terminale. Lorsque j’ai souhaité fuir la réalité des examens d’entrée à l’université, j’ai eu l’occasion d’envoyer mon manga pour un concours. J’ai reçu un petit prix, j’ai persuadé mes parents de me laisser faire les Beaux-Arts.
A la fin de ma 2ème année, lorsque la saison de recherche d’emploi a commencé et j’ai de nouveau cherché à fuir. J’ai dessiné un manga et j’ai participé au concours de Square Enix. J’ai réussi à me faire publier et je suis devenu mangaka.
Je ne peux rien faire si je n’y suis pas forcé.
Comment vous êtes-vous entrainé au dessin ?
Je n’aime pas trop mes dessins même si je dessine depuis longtemps. Mais, si je continue à dessiner, je vais m’améliorer. Même si je n’ai pas beaucoup de talent, si je continue pendant encore 10 ans, je pourrai arriver à surprendre les fans. Je pense que j’attendrai ce niveau de technique si je ne m’arrête pas.
Comment est né Ragna Crimson ?
Ça fait très longtemps que j’ai envie d’écrire sur des combats contre des dragons, dans un monde fantastique mais j’ignorais quoi faire pour le personnage principal. J’ai vu l’anime Steins Gate, sur le voyage vers le passé, et également un film que je n’avais jamais vu, Retour vers le futur.
J’ai pu construire l’histoire du manga à partir de l’idée de revenir vers le soi du passé pour s’aider et se donner sa propre force.
Pourquoi les dragons sont-ils similaires à des vampires ?
Je pensais depuis longtemps à une histoire de combat contre des vampires, mais il y en avait déjà énormément. En me demandant quoi faire et en faisant des recherches sur leurs origines, j’ai appris que le nom Dracula voulait dire « fils de dragon ». Je me suis dit que ça pourrait être bien d’avoir un dragon aux origines vampiriques et c’est devenu l’histoire que l’on connaît.
Comment rendez-vous les dragons si uniques ?
L’idée m’est d’abord venue en jouant à Monster Hunter. Mais comme je l’ai dit, ce n’est pas un dragon pur, mais un monstre, un mélange avec un vampire. J’ai donc fait un design de monstre sans trop penser au fait que ce sont des dragons.
Comment avez-vous imaginé Crimson ?
J’ai été inspiré par le manga Drifters, où on trouve un personnage nommé Oda Nobunaga qui est foncièrement mauvais. Je l’aimais beaucoup et moi aussi je voulais créer ce genre de personnage. Un gentil, mais un héros sombre… Pas un personnage mauvais mais un justicier. J’ai écrit un vrai méchant, sans une once de gentillesse.
Qu’est ce qui vous plaît dans la dark fantasy ?
J’ai moi-même dû chercher la différence entre fantasy et dark fantasy. La dark fantasy, c’est quand, dans un monde périlleux, un héros doit subir des épreuves difficiles. Je me suis demandé si mon manga était comme ça. Je ne me suis pas dit que j’allais écrire de la dark fantasy, j’ai juste écrit, et c’est ça qui en est ressorti. Donc plutôt que de parler de l’attrait de la dark fantasy, je crois que ce qui me plaît le plus dans mon travail, c’est de faire vivre des épreuves aux personnages.
J’écris sûrement avec l’envie de voir comment ils vont s’en sortir. C’est ce genre d’histoire que j’aime dans la dark fantasy.
Comment travaillez-vous les scènes de violence ?
Il y a un point auquel je fais attention, et un auquel je tiens vraiment.
Je fais attention à ce qu’il n’y ait pas que des distances courtes entre le cadre et l’image, mais aussi du recul. Avant je ne le faisais pas et c’était dur à comprendre. Maintenant, dans les moments critiques, je fais un plan large. Quels personnages y a-t-il ? Comment se battent-ils ? C’est ce que j’essaie de montrer, et je prends garde à la facilité de compréhension et à l’échelle.
Et le point auquel je tiens … Il y a une différence entre le manga et l’animation. Le manga ne bouge pas. Dans ces arrêts, entre les cases, j’essaie de faire en sorte que les personnages soient passés à l’action suivante. Par exemple, si un personnage doit se retourner, dans la scène où il se retourne, le héros a déjà réagi en se retournant et moi je coupe cette scène.
L’idée est d’avoir un peu ce mouvement, dans la case suivante, même s’il y a eu un saut dans le temps. Le lecteur s’imagine alors le mouvement. Je me suis dit que ça aiderait à rendre le tout plus dynamique. Je tiens donc particulièrement à ce point.
Pourquoi autant de doubles-pages ?
Si on compare le manga et l’animation, l’avantage du manga c’est qu’on peut ajuster la taille des images. Je décide à l’avance des scènes où j’utilise une double-page car il est important d’y ajouter un certain dynamisme et je fais attention de l’ajuster à la taille de la page.
Le scénario ou l’action en priorité dans un Shōnen ?
Ils sont aussi importants l’un que l’autre. J’adore les scènes d’action et c’est pour ça que j’écris des mangas qui en contiennent mais s’il n’y a que cela, c’est un peu comme de la viande sans assaisonnement. Pourquoi y-a-t-il ce combat ? Qu’est ce qui fait du mal aux personnages ? Si on ajoute ces assaisonnements, je pense que l’histoire devient bien plus intéressante. Donc les deux sont essentiels. Bien sûr, je préfère dessiner les scènes d’action.
Connaissez-vous déjà la fin de Ragna Crimson ?
En réalité, je ne vois pas encore bien la fin et j’ai également l’impression d’avoir trop étendu l’univers du manga. J’essaie de continuer à réfléchir au contexte de l’histoire, de faire en sorte qu’elle soit divertissante, mais j’ignore si ça se sent ou pas. Pour ce qui est des dragons, ça pourrait être intéressant si deux des chefs mouraient à cause de conflits.
Un dernier mot ?
J’aimerais qu’ils lisent bien le combat vers la fin du 9ème tome et le début du 10ème tome. C’est de la viande très bien assaisonnée.
L’interview de Daiki Kobayashi fut réalisée par la Pop Asia Matsuri et les éditions Kana, la retranscription ci-dessus fut rédigée par Manga Clic.