Jeune auteur indépendant, rapidement remarqué au Japon pour Valse à 3 Sœurs, Melome Machida est à présent publié en France par Casterman, qui nous offre une lecture aussi touchante qu’originale.
L’histoire nous invite à découvrir la vie quotidienne des sœurs Orihara. Elles sont très proches mais aussi très différentes. Fuji, la cadette qui est encore au lycée, a du mal à se projeter dans l’avenir. Tori, 22 ans, est une employée dynamique malgré un faible pour l’alcool. L’ainée de 28 ans, Sumi, reste optimiste et garde la tête sur les épaules. Quelques années plus tôt, après le décès de leur mère, leur père a pris la poudre d’escampette pour faire le tour du monde. Toujours abasourdies par cet abandon et ne pouvant compter que sur elles-mêmes, elles se soutiennent et vivent ensemble.
Pour illustrer leur vie, le récit se divise en chapitres courts et incisifs. On aurait pu s’attendre à un portrait misérabiliste mais, au contraire, une ode à la vie qui défile sous nos yeux. Elles aiment boire, manger, elles se plaignent ou se cherchent… Décrites avec une fraîcheur candide et pourtant sophistiquée les trois sœurs ne sont pas parfaites, mais cela les rend authentiques et attachantes.
Elles permettent à Melome Machida de créer des portraits nuancés. La première pourtant si sérieuse et optimiste peut s’exprimer avec beaucoup colère lorsqu’elle évoque son père démissionnaire. La seconde aime les fleurs et possède un côté garçon manqué qui balaye d’un seul coup la vision restreinte de la féminité. Enfin, la plus jeune déstabilise. Derrière ses bonnes notes et son apparence d’élève modèle, se cache une personnalité nonchalante qui ne sait quoi faire de sa vie.
Valse à 3 sœurs se révèle réconfortant, chaleureux et cocasse, malgré la situation initiale. Et le mangaka venant de la scène indépendante, c’est sans surprise que nous découvrons un titre particulièrement moderne. Aussi bien dans la forme que dans le fond.
A travers la trichromie des pages, l’artiste bouleverses les habitudes des amateurs de manga. Tandis que la couleur apporte un peu de douceur, le dessin épuré ne laisse pas de place à l’à peu près. Simples et poétiques, accordant autant d’importance aux vides qu’aux pleins, ces choix artistiques embrassent parfaitement l’histoire.
A travers ce titre, Casterman nous fait de découvrir une histoire pleine d’originalité qui s’ajoute à sa collection Sakka.
L‘édition proposée est elle aussi de bonne qualité et renforce le plaisir de lire. Elle respecte les couleurs d’origines. La traduction est soignée. Le livre adopte un format un peu plus grand qu’un manga mais permet de pleinement profiter du dessin qui aurait surement été trop tassé dans un format classique.
Remerciements à Casterman pour l’envoi du manga.