Après Mon père alcoolique et moi, Mariko Kikuchi est de retour aux éditions Akata avec un autre récit profondément social : Survivre à ses parents toxiques.
Revenant d’abord sur sa propre expérience et sur son premier manga, l’autrice ouvre la voie. En guise d’introduction, elle remet en question la notion de normalité et dénonce la sacralisation de la notion de famille. Dès les premières pages la bienséance est mise à mal.
Dans chaque chapitre, la mangaka part à la rencontre d’une nouvelle victime, accompagnée de madame Hatano, son éditrice. L’une a vécu une enfance tranquille, l’autre a subi un père alcoolique. Elles représentent finalement les deux extrêmes et c’est ensemble qu’elles posent des questions sans jugement.
« Vous n’êtes pas obligés de les pardonner »
Ce sous-titre bouleverse tout autant que le contenu, mais il est finalement déculpabilisant et salvateur pour ceux qui ont souffert et qui ont encore des séquelles. Ils sont désormais adultes, mais ils étaient enfants au sein de foyers défaillants.
C’est ainsi que les témoignages se succèdent et ne se ressemblent pas. Leurs parents étaient dépendants, d’autres violents, parfois carriéristes ou au contraire démissionnaires. Entre culpabilité, prise de conscience et reconstruction, tous mettent en lumière des familles bien loin d’être idéales et le parcours souvent chaotique qui les accompagne.
Et pour appuyer ce récit, un trait tout en rondeur qui contraste avec la dureté des expériences recueillies. Le résultat n’en est que plus impactant, il secoue tout naturellement sans avoir besoin d’artifices. Il aidera peut-être certains lecteurs à avancer, en leur rappelant qu’ils ne sont pas fautifs.
Mariko Kikuchi offre un manga-reportage difficile mais précieux. Se terminant avec l’analyse d’une psychologue clinicienne, Survivre à ses parents toxiques montre qu’il est possible, voire souhaitable, de s’affranchir si cela est nécessaire, malgré la pression d’une société bien-pensante.
Pour l’édition, tout comme le précédent titre de la mangaka, Akata propose un format 147×210 mm, sans jaquette. Il est sobre mais parfaitement adapté. La couverture jaune attire immédiatement le regard et reste fidèle à la version japonaise. De son côté, le logo signé Tom « spAde » Bertrand se permet un petit décalage avec le regard courroucé intégré au lettrage mais celui-ci s’accorde parfaitement.
Remerciements à Akata pour l’envoi de l’exemplaire.