Les Survivants d’Ormélion est un manga d’Heroic Fantasy scénarisé par Chikamoto Masaru et dessiné par Shinkawa Gonbe, disponible aux éditions Casterman.
De retour d’une longue chasse, Aglédios, fils d’un seigneur, retrouve son village décimé et tout laisse entendre que la sorcière de la forêt interdite est responsable. Ivre de vengeance, il va pourtant devoir faire un choix. Faut-il châtier le coupable ou aider les survivants ?
Commence alors un récit dans un monde médiéval qui, à l’ère des isekai n’a probablement, pas le décor le plus original, mais qui se démarque grâce à ses illustrations époustouflantes. Généreux dans les détails, Shinkawa Gonbe offre un univers riche et immersif. Des forêts luxuriantes, des villes semblant surgir d’un autre temps, un bestiaire varié et impressionnant, tout est dessiné minutie et donne envie d’en découvrir davantage.
L’artiste ne se limite cependant pas à quelques décors contemplatifs et prouve son sens de la mise en scène lors des combats. Les mouvements fluides et dynamiques animent les pages.
Entre quête de la vérité et volonté de reconstruire ce qui a été perdu, les chapitres oscillent entre aventure et tranche de vie. Ces deux thèmes que tout semble opposer sont, une fois mariés, un terrain glissant s’ils ne sont pas maitrisés. Dans les derniers chapitres, on constate sans réelle surprise une baisse du rythme. Chikamoto Masaru se concentre davantage sur la vie plutôt tranquille des survivants qui commencent à tisser les liens d’une communauté.
Ce dernier aspect met en lumière l’importance accordée des personnages. Pour avoir envie de suivre leur développement, encore faut-il qu’ils soient intéressants. S’ils le sont par bien des aspects, tous singuliers et réagissant au drame d’une façon différente, on peut toutefois reprocher au scénario le traitement qui est réservé au héros. A mi-chemin Aglédios semble devenir le protagoniste le moins intéressant de sa propre histoire, tandis que Mina gagne en importance. Elle est enfantine, surnaturelle et se démarque du reste.
Heureusement, elle laisse derrière elle plusieurs questions sans réponse, ce qui nous permet de poursuivre la lecture.
Reprenant des thèmes déjà vus et les remaniant, Les survivants d’Ormélion propose donc une version intéressante des légendes mettant en scène un chevalier et une sorcière. Le monde fascinant et les illustrations à couper le souffle rattrapent ainsi les quelques petits problèmes de cadence qui peuvent survenir.
Du côté de l’édition Casterman offre un joli tome. Si la couverture et le titre s’éloignent légèrement de l’édition originale, on apprécie la jaquette qui attire le regard. Plutôt que d’opter pour un titre fidèle et plutôt générique comme en anglais (The witch and knight will probably survive), l’éditeur a préféré mettre en avant la singularité de cette œuvre.
Une fois en main, le volume s’ouvre sur quatre premières pages en couleurs, imprimées sur un papier mat, qui instaurent déjà une ambiance des vieilles légendes.
Remerciements à Casterman pour l’envoi du manga.